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Last lights, last words.

30.11.04
Tu veux qu'on se voie simplement. Tu veux qu'on se parle, qu'on se regarde, sans qu'il y ait des verres d'alcool . tu veux voir une certain réalité. Peut-être sentir le vrai, mon vrai. Putain me demande pas ça. Me demande pas d'être sobre, je suis mille fois plus triste. Me demande pas d'être sobre, je serai muette, sclérosée, avec l'envie de m'enfermer. Je fuis la réalité dès que je peux. Je bois, je me drogue, je me médicamente. Je prends des trucs actifs tout le temps pour ne pas être ce que je suis. Putain, je te le dis. Je te le dis. Me demande pas ça. C'est pas que ma tristesse te ferait fuir. Non, le pire c'est qu'elle t'attacherait. Tu me trouverais fragile, sensible, tu aurais de la compassion, tu te donnerais peut-être même pour mission de m'épauler, de me soutenir, de me remettre droite. Le problème c'est que ma tristesse me ferait fuir moi. Allez, s'il te plait, pour nous, me demande pas de me voir sobre. Je t'aimerais pas autant si j'étais sobre. Parce que j'aime personne tu sais. J'apprécie, je suis sensible, je suis touchée, émerveillée, mais je ne m'implique pas tu vois. Je ressens, mais je ne m'implique pas. Et aimer, c'est s'impliquer. C'est ce qui est beau à deux, hein, la vie à deux, le couple, c'est d'être impliqué. Mais je ne m'implique pas tu sais. Je voudrais bien avoir la fibre. Certains diraient que je n'ai qu'à me forcer un peu. Mais c'est plus compliqué que ça, hein. Je n'ai pas ça en moi. Ou je ne l'ai plus, je sais pas. Et ça reviendra pas, comme ça ne se créera pas. Tu vois ce que c'est triste d'être sobre. De te dire ces conneries. De briser le rêve. De briser la légèreté des premiers baisers qu'on s'est échangé dans nos ivresses respectives. C'est con hein, de se dire ça, comme ça. Alors qu'on pourrait, rire bêtement, un peu défoncé, on pourrait se trouver les plus beaux du monde, on se regarderait des heures, comme si on réalisait pour la première fois les merveilles du monde. Pourquoi vouloir briser l'illusion si elle nous rend heureux? Pourquoi il faut du vrai? Sobre, putain de merde. Tu veux me voir sobre. Tu veux qu'on se quitte c'est ça? Merde, me demande pas ça.
28.11.04
Une semaine, un peu plus, une corde dans la gorge depuis plus. Pour n’avoir lu que ses lèvres, suivi ses cigarettes, jusque derrière ses yeux, un sourire. Entre temps, j’ai maudit des trottoirs, prié pour qu’elle réapparaisse ainsi sur mes talons. J’avais dessiné mon marécage, je n’avais pas besoin de ses traits. Entre ses paroles, j’ai redécouvert l’inexplicable vital, hors lequel il n’y avait que son regard qu’elle offrait ailleurs, fatal.
Gray afternoons #16

don’t you know that the place where you’re supposed to die is inside of you. each day you discover it a little more as it devours you like void spreading over.
27.11.04
Gray afternoons #15

i am your silent face. something that dies.
i have never left the paradigm anyway.
26.11.04
closedown

“just write down what
you feel” you said,
but the words were meters
of icy pavement I
hurt with the same rage

because

how could I have left
this merry-go-round of
two by two frozen eyes
I was wondering after,
just before I started
disintegrate, you know
23.11.04
let the blood spin once
let the blood spin once
let the blood spin once

feel the slow process of warming up inside

but do
refreshing-burning eyes
in a never-ending fall
crash ?
18.11.04
l’homme-bulbe s’est assis à dix heures. je frémis, le malaise afflue. il arbore sa tumeur, obscène, celle qui devait me dévorer. je me demande s’il sent sa présence.

plus tard, j’arrive à ne plus la fixer. il s’est assoupi, je fais de même, contaminé par les harmoniques de la femme-moustache.

je pense à la soirée où je vais écrire ces lignes, en écoutant Tristeza.
là, maintenant.
après, avec un canon, je pourrais toucher ma luette et vomir des glaires vides. mais je ne peux pas. je cherche du temps pour vivre dans l’interstice. j’entends un brouillage électronique mais je n’y crois pas. j’imagine la forêt et les aimants qui nous oscillent. dans les courbes, vite, le transport s’inclinerait.

je lui ai extrait un style, mais ils n’en voudront pas. je ne sers, dérive.
Erratum

Il n’est pas là, devant mes yeux, entre moi et le monde. Il est derrière, inside. Il est plus qu’un gouffre, je ne saurais le contenir, il me déborde.
17.11.04
La pathétique

Je ne ferai pas l’exégèse de mon mal ce soir. Parfois je le perds, diffus. Je capte l’éventualité de vivre sur des ondes nauséeuses. J’engrenage un processus que maints ont lancé dans l’égotisme. Dans l’amertume. Je n’en veux plus. Ad eternam.

Alors je strophe pour écouler. Voilà. Je n’ai jamais autant envie d’en finir que lorsque je me sens revivre. Il n’y a plus trop de place pour se cacher derrière mes ombres.
10.11.04
Pour info, le vide :

1 - Ce silence qui va durer quatre jours. Je vais continuer la liste de ce que je n'aime pas.

[ICI]


2 - Aldebaran a bondi vers l'est, je l'ai regardée filer avant de plonger.
9.11.04
Diminution inélastique de l'iris

Tu avais un magnifique grain de bonnet, mais tu n'arrêtais pas de descendre tes yeux vers les desseins que nos pieds.
6.11.04
Les nuages ont des couleurs
La convergence de nos penchants
Non avoués
Dans leur tendre
Epure
3.11.04
...

Je veux que tu saches que lorsque je sors du tunnel, je ne parviens plus à faire la différence entre les murs et le ciel. Ça ressemble un peu à la fin de la fragmentation. Après, je t’ai revue et le matin m’a alors paru si loin. J’ai vécu nos corps distants comme un ultime fragment. Il y avait des gouffres de part et d’autre, comme il y en a partout, entre les choses, au bord de nos vies. Après toi, je me voyais en nuit blanche, parce qu’il faut s’assurer un alibi pour le lendemain pre-mortem.

Au fait, nous ne nous croisons plus que dans les portes.

...
1.11.04
Une magnifique vision des choses

Deux fins de soirées à lire objet, de long en large.
Des mots cachés, là, sur cette page noire, alors qu'ils sont bien plus beaux qu'un roman.
Je les ai lus dans le silence et je reste sans voix. Je n'ai qu'une hâte, c'est de pouvoir tout imprimer pour tout relire.
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